vendredi 18 avril 2014

Vol d'un troupeau à Palol, le 25 juin 1815



Retranscription d'un procès-verbal daté du 25 juin 1815 signalant le vol d'un troupeau de moutons par des Espagnols sur la commune de Palol. L'écriture n'a pas été toujours facile à lire (cf. image ci-dessus) et je n'ai pas réussi pour l'instant à déterminer avec certitude les noms des deux principaux protagonistes. Les passages entre crochets signalent ces difficultés.




Le jourd'huy vingt-cinq du mois de juin de l'an dix huit cent quinze.

Par devant nous Joseph Oliver maire de la commune de Palol
sont comparus [... Olibaris] laboureur abitant à la ditte
commune et Côme [Villellongue] [...] boyer à gages dudit [Olibaris],
lesquels nous ont fait rapport, que dans la nuit du vingt
et quatre au vingt et cinq du courant et vers les dix à onze heures
du soir, les dit Come [Villelongue] se trouvant à la garde
du troupeau à laine parqué sur un champ dépendant de
la [métairie] des héritiers de Joseph Roiros, située à la ditte
commune de Palol dont le dit [Olibaris] est fermier, la se sont
présentés sept hommes inconnus armés de carabines et [...]
[trabucaire ?], [...] les dits brigans se céssirent du dit gardien
et l'attachèrent en lui disant que s'il demandait secours en
criant ils le tuerait ; quand l'instant même ils s'emparèrent
du troupeau consistant en quatre vingt huit betes à laine
dont vingt deux moutons, trente huit brebis et vingt-huit
agneaux, qu'ils emmenèrent droit en Espagne en faisant laisser
le dit berger jusqu'au sommet de la montagne de Palol, à l'endroit
nommé Mirailles, ou le dit berger fut mis en liberté et descendit
ensuite pour aller rendre compte au dit [Olibaris] son maître, du
vol du dit troupeau, et ensuite le dit [Olibaris] s'empressa de
descendre à Ceret, pour donner connaissance au propriétaire de la métairie,
de l'enlèvement du troupeau dont il s'agit, aussitot que ces
nouvelles sont connues à Ceret, l'autorité l'écoutta et partit un
détachement de la garde nationnale de cette ville pour aller à la
poursuite des voleurs, du dit bétail, et attendu qu'il
c'était déjà écoulé environ quatre ou cinq heures, que le bétail
était party, l'orsque la garde nationnale fut alerté, on n'a
pu trouver aucune trasse du chemin que le dit bétail avait
pu faire. La ditte Garde nationnalle est avis
que non obstant le dit [Olibaris] nous déclare que d'apprès les
renseignements qu'il c'est procuré le dit troupeau à laine
avait été conduit en Espagne à L'abajol et qu'il était passé
près du moulin de ce vilage.
De tout quoy avons dressé le present Procès
verbal, le jour mois et an sy dessus que
nous avons signé, les comparus, interpellés à
signer ont déclaré ne scavoir.

Oliver, maire

Commentaires

Cet événement se déroule le 25 juin 1815 et c'est à peine quatre jours plus tard que le maire sera reconduit dans ses fonctions, ainsi que nous l'avions vu précédemment

Le compte-rendu signale que le berger a été abandonné au sommet de la montagne de Palol, à l'endroit nommé Mirailles. Cela laisse supposer que le Puig de Miralles (et son col que nous avions vu à propos du relief) était aussi appelé montagne de Palol. Bien que le Pic de Bolaric le surpasse en hauteur, le Puig de Miralles offre une vue imprenable sur l'ensemble de la commune de Palol et peut donc expliquer qu'on le surnomme ainsi.

On apprend plus loin que le troupeau a été vu à La Vajol. Cette commune se situe du côté espagnol et permet de penser que les malfaiteurs ont emprunté l'actuel chemin de Palol à La Selve (ancienne commune, aujourd'hui un hameau de Maureillas-las-Illas), avant de passer par Las Illas et de franchir les Pyrénées au Coll de Lli ou au Coll de Manrella en direction de La Vajol. Ces deux cols feront partie, bien plus tard, de la célèbre route de l'exil des républicains espagnols en 1939. Manuel Azaña, président de la République, Lluís Companys, président de la Generalitat ainsi que de nombreuses autres personnalités passent par La Vajol et le Coll de Lli pour se réfugier en France. Deux monuments ont été construits à leur mémoire au Coll de Lli et au Coll de Manrella.

Note du 1er août 2014 : Vous pouvez désormais lire la suite de l'affaire ici.

Source : Archives municipales de Céret
Photo : Fabricio Cardenas (CC-BY-SA)

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